Avec une production exclusivement réalisée pour "Post", les vingt œuvres sur toile et papier qui composent cette exposition racontent un nouvel épisode de l’histoire artistique de Remi Rough : la rencontre entre deux passions, l'art et le graffiti.
Depuis 1989 et sa première exposition en galerie, Remi Rough s’est imposé parmi les artistes post-graffiti les plus emblématiques de sa génération. L’exposition "Post" au sein de la Speerstra Gallery démontre à cet égard l’évolution symptomatique du lettrage devenu abstraction, et dont le travail de Remi Rough synthétise les recherches artistiques du XXe siècle, enrichies par l’expérience du graffiti. En français, coïncidence ou pas, on parle d’écriture et de signature pour distinguer l’identité formelle d’un artiste. Car qu’il y ait représentation de lettres ou non, finalement, le travail d’un artiste se développe sous le signe du langage, la géométrie se targuant d’un vocabulaire infini.
Avec différentes compositions sur toile et sur bois dégageant effets de perspective et profondeurs de champ, notamment grâce à des effets de layers, Remi Rough ouvre un portail vers une quatrième dimension, tout en jouant avec la bidimensionnalité du médium. On se trouve alors dans un mouvement arrêté ou suspendu. Le spectateur semble être pris, debout, entre deux plans à l’intérieur de l’œuvre. Alors que face à ces œuvres murales, notre corps est engagé dans la vitesse du mouvement, il est comme suspendu dans l’espace et le temps face à au travail d’atelier. Bien que sollicité dans une position spatiale au sein de l’œuvre, le rapport dimensionnel est différent. Sur papier, c’est un sentiment de verticalité qui prédomine dans un dialogue entre lignes, plans et couleurs. De cette articulation des formes en pleine lévitation, évoquant l’architecture contemporaine d’une Zaha Hadid ou d’un Frank Gehry, émane un équilibre dynamique des formes qui, entre unités géométriques et surfaces chromatiques, ne manque pas d’évoquer le suprématisme. Une légèreté aérienne naît de la transparence de ces surfaces, mais le choix des couleurs rompent radicalement avec cet héritage du XXe siècle et signe l’identité de Remi Rough. Elles sont pour certaines dérivées de la palette de couleurs primaires du mouvement De Stijl, nuancées par la transparence des plans, puis on arrive vite à des teintes très vives – RVB. Le rose, par exemple, est une couleur qui suit Remi Rough depuis longtemps, de sa palette de peinture à son encadrement, jusqu’à l’installation qu’il a récemment réalisée lors de la seconde Street Art Biennale de Moscou, Artmosphère.
Avec une production exclusivement réalisée pour "Post", les vingt œuvres sur toile et papier qui composent cette exposition racontent un nouvel épisode de l’histoire artistique de Remi Rough : la rencontre entre deux passions, l'art et le graffiti.
© Samantha Longhi pour le catalogue Post, Speerstra Editions