L’artiste se prête au jeu des formes, mais aussi à celui des techniques et des couleurs. Il confirme l’utilisation de mediums tels que l’aquarelle et l’acrylique, tout en gardant quelques traces de bombe aérosol. Cet outil suprême du graffiti porte l’aspect dynamique de ses travaux à son apogée grâce à une sensation fugitive fournie par le dégradé du spray.
"Concrete thoughts", le titre de l’exposition que présente la Speerstra Gallery révèle d’emblée l’importante démarche que Xavier Magaldi dévoile cette fois-ci : l’idée d’œuvres qui tirent sur l’abstrait, mais qui, paradoxalement, se construisent sur des formes concrètes. Ces figures perceptibles interagissent entre elles, s’entrechoquent. L’image prise dans son ensemble communique à son tour avec la pensée du spectateur et lui laisse une liberté d’interprétation.
L’intitulé de la présentation renvoie aussi au matériau utilisé : "concrete" (béton en anglais). Xavier Magaldi fait preuve de courage en affrontant la dureté de la matière et la difficulté à la métamorphoser en une création artistique, sans pour autant délaisser l’aspect brut de la substance initiale. Ce processus constitue également un clin d’œil à l’architecture brutaliste du Corbusier, une finition "brut de décoffrage" perceptible à travers ses pièces de bois taillées sans être trop épurées puis superposées. Mais le peintre-sculpteur touche aussi au métal et présente une nouvelle sculpture, qui, dessinée et pensée de manière verticale, prend un autre sens une fois mise à l’horizontal. Elle rejoint indirectement le concept du gothic futurism introduit par l’artiste américain Rammellzee, notamment le vaisseau spatial de ce dernier, un élément que Xavier Magaldi a toutefois repensé et rendu plus palpable par l’utilisation de la matière.
L’artiste se prête au jeu des formes, mais aussi à celui des techniques et des couleurs. Il confirme l’utilisation de mediums tels que l’aquarelle et l’acrylique, tout en gardant quelques traces de bombe aérosol. Cet outil suprême du graffiti porte l’aspect dynamique de ses travaux à son apogée grâce à une sensation fugitive fournie par le dégradé du spray. Cette sensation de mouvement énergique n’est pas sans évoquer les futuristes italiens. À l’occasion de cette exposition, le peintre sort aussi de la couleur : un orange vif, un rouge éclatant, qui surgit dans ses parallélogrammes comme une signature. Ces teintes frappent autant que celles d’un graffiti en pleine rue. Dans le cas présent, elles marquent surtout le contraste avec les tons froids préconisés par le créateur, particulièrement visibles dans ses aplats.
C’est ainsi que Xavier Magaldi redessine sa combinaison "mécafuturiste" par une focalisation sur la flexibilité des formes géométriques. De cette façon, il s’est émancipé des structures plus pures, conditionnées par la présence récurrente de l’engrenage. Son trait reste précis, mais il se trouve de la sorte adouci et confère une touche de souplesse et de finesse à son style. Sur ses toiles, ce n’est donc plus l’empreinte du rythme d’un mécanisme horloger mais celle d’une longue réflexion autour de l’équilibre et de l’incidence entre les formes, puis de leur impact sur le regard, qui n’a pas fini d’explorer la mutation éternelle des éléments matériels.
© Ekatérina Soldatova / © Speerstra Gallery