Dès l’entrée dans la galerie Poirel qui accueille l’exposition "Fire on Fire", le refrain du morceau Rapture de Blondie nous plonge dans les années 80, lorsque les gamins du ghetto new-yorkais partaient à la conquête des galeries et des clubs du downtown branché de la grosse pomme. À cette époque, c’est par le biais du Hip Hop que le graffiti s’apprête à déferler sur le reste du globe.
Ainsi, si les premières générations de writers se retrouvaient plus volontiers dans la soul ou le heavy metal, ils furent par la suite largement influencés par le funk, le jazz ou le reggae, comme en témoignent les toiles de A.One, Daze ou Bill Blast. Le Hip Hop constitue néanmoins un jalon crucial de cette culture et de nombreuses allusions à ce genre musical accompagnent le visiteur tout au long de l’exposition. Des premiers B.Boys de Doze Green à sa version futuriste incarnée par le Point Man de Futura jusqu’aux danseurs aux postures dégingandées du japonais Taku Obata ; de l’incroyable Garbage God de Rammellze à cette impressionnante collection de flyers qui témoigne de l’émergence du mouvement Hip Hop, l’exposition regorge de trésors dont certains sont ici montrés pour la première fois en Europe.
Avec l’explosion du street art au tournant du nouveau millénaire coïncide le retour du vinyl qui fait face à la démocratisation du mp3. Une toute nouvelle génération d’artistes s’empare alors de divers genres musicaux comme la pop, l’électro, le punk ou la new wave. Shepard Fairey, Poch, Invader, Dran, André, Banksy, Os Gêmeos, JR… Tous usent de la musique comme d’une source d’inspiration ou d’un support de création, et se retrouvent ici sous la forme de flyers, d’affiches de concert, de pochettes de disque ou de vidéo clips. C’est en partie ce qui fait l’intérêt de cette exposition : en ne se limitant pas aux œuvres d’atelier, Christian Omodéo, lui même grand collectionneur d’archives en tout genre, dévoile l’étendue de l’art urbain sans le restreindre à son esthétique. La diversité des documents exposés permet d’aborder le sujet sous divers angles – artistique, sociologique ou anthropologique – et présente ainsi ce mouvement comme une culture à part entière, plus que comme un genre artistique trop souvent résumé à divers courants picturaux.
Texte © Nicolas Gzeley