Ils s'appellent Blade, Crash, Daze, Dondi, Futura, Kel 1st, Lady Pink, Min One, Sharp... En tout, 17 graffeurs new-yorkais légendaires dont les toiles s'affichent sur les murs de Spacejunk, à l'occasion de l'exposition «Graffiti - In the Beginning». «Ce ne sont que des noms incroyables, des pionniers de ce mouvement, aujourd'hui adulés un peu partout», souligne Jérome Catz. Le commissaire d'exposition et fondateur de la galerie a réussi le tour de force de présenter pour la première fois en France ces pièces issues de la collection de Willem Speerstra, «premier collectionneur à avoir fait venir les artistes américains en Europe».
Commençons par l’essentiel: Graffiti : In the beginning n’est pas une exposition de graffiti… mais une exposition sur le graffiti. Plutôt que de chercher à capturer entre ses murs un mouvement artistique intimement lié à son environnement (la rue) et à ses conditions de réalisation (dans l’urgence, l’anonymat et l’illégalité), Spacejunk a judicieusement préféré présenter un certain nombre de documents historiques issus de la Collection Speersta, l’une des plus prestigieuses d’Europe.
Regroupant œuvres sur toile, photographies et extraits de « black books » (carnets de croquis préparatoires), ces derniers couvrent qui plus est une période temporelle et géographique bien précise : New-York de 1982 à 1992, soit le moment où le mouvement graffiti, apparu plus d’une dizaine d’années auparavant, explose réellement à la face du monde, fait le grand écart entre les murs du Bronx et les vernissages chics de l’intelligentsia arty, envahit les façades des wagons de métro et les sujets de conversations du New-Yorkais moyen, et se subdivise en différentes catégories stylistiques insaisissables pour le commun des mortels…
Un véritable âge d’or dont l’exposition regroupe les principaux protagonistes (Dondi, Futura, JonOne, Rammellzee, Seen, Zephyr, le photographe Henry Chalfant…), mais peine parfois, et c’est là son seul point faible, à expliquer pleinement tous les tenants et les aboutissants… D’où la nécessité, une fois n’est pas coutume, de se documenter un peu au préalable, histoire de pouvoir en appréhender toute la richesse.
©Damien Grimbert