Elles sont composées de couches peintes et imprimées qui s’enchevêtrent dans une profondeur graphique, à mi-chemin du graffiti et du schéma mathématique. L’esprit de ces investigations picturales est celui d’un artiste conceptuel distrait et d’un punk méticuleux.
Stéphane Trois Carrés a onze ans lors de la sortie de 2001, l’Odyssée de l’espace. Il le voit pour la première fois dans un cinéma du 7e arrondissement de Paris avec son père, un dimanche après-midi de novembre 1974. Pour lui, la fin de ce film reste une énigme : la question des limites du cosmos engendre une ellipse fertile à l’imaginaire. La seule réponse possible est une galaxie de questions en abyme qui se formulent dans des langages à inventer.
Cinquante ans après l’expérience séminale du film de Kubrick, Stéphane Trois Carrés rappelle la nécessité de changer d’échelle de temps pour contempler le destin de l’humanité. Projet total accessible à chacun, toute peinture est, pour l’artiste, une déambulation ouverte dans les possibilités des mondes.
Les peintures de Stéphane Trois Carrés sont conçues comme autant de postulats qui déploient leurs logiques singulières à la manière de théorèmes. Conceptuelles et sensibles, elles cherchent à dépasser les limites, sans ostentation mais en gardant cet état intellectuel contemporain qui veut que les moyens d’observer le monde reflètent sa complexité. Semblables à des essais ou des poèmes incisifs, elles incitent à l’exploration d’un cosmos encore à construire. Elles sont composées de couches peintes et imprimées qui s’enchevêtrent dans une profondeur graphique, à mi-chemin du graffiti et du schéma mathématique. L’esprit de ces investigations picturales est celui d’un artiste conceptuel distrait et d’un punk méticuleux.
© Speerstra Gallery