Le marché noir c'est un business parallèle pour une culture sans droit de cité, un regain de fierté en s'appropriant les mots et les supports. C'est la foi d'un artiste qui s'efface derrière le style.
Le marché noir c'est les tags, les throw-ups et les pièces qui jalonnent les trottoirs entre Barbès et Ménilmontant. C'est un savoir-faire qui navigue entre les magouilles et les bricolages du quotidien, une forme de survie en milieu urbain. C'est l'électricité ambiante des quartiers populaires qui ne s'alignent pas au Paris culturellement lisse, l'énergie qui circule entre les graffs des camions de primeurs des marchés et les lignes du métro aérien. Le marché noir c'est un business parallèle pour une culture sans droit de cité, un regain de fierté en s'appropriant les mots et les supports. C'est la foi d'un artiste qui s'efface derrière le style. Le marché noir c'est cette relation pudique qu'entretiennent le graffiti éphémère et le graffiti sur toile, qui cesse là d'être un graffiti. C'est ce rapport à l'époque qui place la peinture de RCF1 dans la position que tient la musique populaire face à la musique contemporaine. La bombe de peinture comme nouvelle guitare électrique, pour écrire un nouveau blues, un nouveau rock'n'roll. "Black Market", comme un dernier clin d'oeil à Joe Strummer des Clash, auxquels RCF1 doit son nom d'artiste: "Rudie Can't Fail".
Né en banlieue parisienne en 1968, RCF1 peint à la bombe depuis 1988. Fidèle de la tradition du lettrage des pionniers new-yorkais, il s'oriente dans les années 90 vers un style plus européen et personnel dont l'influence marque les dernières générations de "street artists". Rédacteur du magazine Gettin' Fame (hors-série Radikal) et auteur de différents articles sur le sujet, il vit à Paris et continue à peindre sans le demander.
© RCF1 / © Speerstra Gallery