Henry Chalfant a tenu à présenter quelques writers jusque là moins publiés que certains des illustres noms que l'on retrouve au fil des photographies et a également voulu exposer des pièces prises à Brooklyn et non pas à Manhattan et dans le Bronx. Sa sélection est simplement époustouflante.Tous les styles y sont représentés, dans une explosion de flow et de couleurs agrémentées de tags, de commentaires et de dédicaces à découvrir sur les wagons.
Après "Art is not a crime" en 2004, Henry Chalfant est de retour à Paris pour "Burners", sa nouvelle exposition à la galerie Willem Speerstra. Est-il besoin de présenter l'artiste ? Co-auteur de Subway Art [Henry Chalfant & Martha Cooper, Subway Art, Thames & Hudson, 1984] et de Spray Can Art [Henry Chalfant & James Prigoff, Spray Can Art, Thames & Hudson, 1987], co-producteur du film Style Wars [Tony Silver, Style Wars, 1983, édité en DVD par Plexifilm], il est l'homme qui a révélé le graffiti de New York au monde. "Burners", ce sont quarante photographies de window down burners [pièces peintes sous les vitres, NDLR] prises par le photographe au début des années 80 à New York et sélectionnées parmi les centaines qui composent sa collection. Certaines d'entre elles n'ont jamais été exposées auparavant.
Quand Henry Chalfant a demandé à Skeme de présenter ce qu'est un burner, le writer a donné cette explication : "Quand tu vois passer un burner, tu arrêtes de faire ce que tu faisais et tes yeux ne peuvent s’empêcher de le regarder. Pourquoi le terme burner ? Parce que son image reste comme brûlée dans ton cerveau jusqu’à ce tu puisses le voir à nouveau passer, ou que le cliché que tu as pris soit développé ; un bon burner t’incite à courir après jusqu'à la fin du quai pour ne pas perdre une miette du spectacle. Un burner a les spécificités suivantes : la outline (le contour) réalisée la nuit auparavant est restée inchangée, il est partiellement illisible, il a des couleurs flamboyantes, au moins deux fonds différents incluant souvent des nuages, des explosions, buildings, etc. Rien n'est négligé, le détail va même jusque dans la 3-D. Le tout agrémenté d'un ou deux personnages.
Sur ta ligne de métro, même ton pire ennemi te fera des compliments sur un burner réussi. S'il est réussi les graffeurs peuvent en parler pendant des semaines, et s'il est trop beau pendant des mois. S'il est légendaire, il fera un bon sujet de conversation encore aujourd’hui. Pour chacun des plus beaux burners une belle histoire les accompagne, car après tout le graffiti n’est pas juste illégal, c’est avant tout une aventure !". Outre Skeme, "Burners" réunit notamment des pièces de Sonic, Ink, Duro, Kel, Crash, Zephyr, Revolt, JonOne, Mare [in action sur l'une des photographies de l'exposition "Art is not a crime", reproduite ci-contre], Dealt, Spade, 2 Much, Scan, Word, Tech, Base, Tkid, Min [également in action dans "Art is not a crime", voir ci-contre], Colt, Reck, Pose, Dust, Seen, Mean 3, Elkay, Doc, Pore, Dust 1, Kist, Pre (Dondi, RIP), Rac, Cem 2, Sword, Tech, Notch, Scop, etc. Henry Chalfant a tenu à présenter quelques writers jusque là moins publiés que certains des illustres noms que l'on retrouve au fil des photographies et a également voulu exposer des pièces prises à Brooklyn et non pas à Manhattan et dans le Bronx. Sa sélection est simplement époustouflante.
Tous les styles y sont représentés, dans une explosion de flow et de couleurs agrémentées de tags, de commentaires et de dédicaces à découvrir sur les wagons. Les photographies du maître, qui restituent formidablement les patines des métros et, pour certaines, laissent percevoir le rythme de l'environnement, sont magnifiques. Grâce à Henry Chalfant, une fois de plus, c'est un épisode entier de l'aventure du graffiti qui nous sera donné à voir et à admirer. Un moment rare, à ne pas manquer.
© Emmanuel Moyne / Henry Chalfant, "Burners", catalogue Speerstra Gallery