Speerstra Gallery Genève Suisse présente Jean Moderne aka RCF1 "Animals"

8 - 30 Octobre 2008
Dans cette série de tableaux figurant des animaux, RCF1 mêle sa peinture au spray avec des personnages, faisant de son bestiaire une expression animale et sauvage des comportements humains.
Depuis plus de quinze ans, RCF1 reste fidèle à son esthétique graffiti si peu conventionnelle. L'originalité de son travail lui vient sans doute de son background rock, d'un intérêt pour les cultures de la transgression, mais aussi d'une grande sensibilité au contexte social qui l'entoure. En 1990, il crée à Paris le crew des P2B (Poseurs 2 Bombes) aux côtés de Sero et Stone. Rejoints plus tard par Darco, Honet, Stak ou encore Popay pour ne citer que quelques noms, ils formeront ensemble un groupe graffiti absolument innovateur, créant sans cesse des formes nouvelles, plus européennes, en gardant le meilleur de la tradition américaine. Les œuvres de RCF1 sont comme le ska, une expression artistique métissée et joyeusement vindicative. Dans cette série de tableaux figurant des animaux, RCF1 mêle sa peinture au spray avec des personnages, faisant de son bestiaire une expression animale et sauvage des comportements humains.
 
Interview de l'exposition "Animals" 
C'est la première fois que tu vas exposer en Suisse, non ?
Je suis venu peindre en Suisse en 1991, pour le festival de Leysin. En fait, je n'avais pas l'impression d'être en Suisse car c'est un énorme festival international et j'ai parlé anglais pendant une semaine. Parmi les artistes programmés il y avait Mick Jones qui jouait alors avec Big Audio Dynamite. Mick Jones a écrit "Rudie Can't Fail" quand il chantait dans les Clash. Je dinais seul le midi au catering, je l'ai vu entrer et il semblait chercher quelqu'un parmi les tables. Il a vu mes fringues couvertes de peinture alors il s'est présenté: "Je cherche le type qui a peint les toiles sur le festival, j'adore le graff, je suis un pote de Futura 2000, je m'appelle Mick Jones." Wow. Il n'en revenait pas qu'un writer ait choisi un titre de ses chansons comme nom d'artiste, il paraissait très touché.
Est-ce que du coup tu as "adapté" tes nouvelles œuvres au public Suisse?
Un artiste ne doit jamais s'adapter. J'essaie bien au contraire d'être le plus sincère possible, le plus loyal à moi-même. C'est ma vision humaniste des choses, la magie de l'art c'est de toucher des gens qui ne partagent pas ton expérience et qui curieusement y trouvent un écho à leur propre vie. Parce que tu es toi-même et non dans la démonstration. Je n'ai rien d'un finlandais au chômage mais les films de Kaurismaki me parlent, je n'ai pas vécu le printemps de Prague pourtant je comprends les romans de Kundera.
Quel est le titre de ton expo ? Et pourquoi ce titre ?
"Animals", parce que j'aime dessiner des animaux, comme des totems tribaux. Pour prendre leur force, pour trouver en soi la vibration d'un hibou, d'un ours, etc. Et aussi "Animals" comme le groupe de rock des sixties. Des blancs d'Europe qui livrent leur version de la musique noire américaine, avec leurs propres codes. Comme nous qui nous sommes approprié le graff new yorkais pour témoigner de nos propres vies.
As-tu utilisé des nouvelles techniques de peinture ? Quels sont les mediums utilisés (car je remarque moins de spray) ?
Le spray reste ma langue natale. Sur toile je le mêle à d'autres techniques afin de le mettre en valeur. Mais ça c'est ma cuisine, ça ne reste que des techniques, c'est ce qu'elles servent à raconter qui est important.
Depuis un an, tu utilises une nouvelle gamme de couleur, cela marque un tournant artistique ?
J'y suis venu par le dessin. J'ai gardé mes yeux d'enfant face à une boîte de crayons de couleur. Quand on l'ouvre et qu'ils sont rangés en dégradé, dans l'ordre, c'est magique. J'ai tout de suite envie de les mélanger et de n'en négliger aucune nuance. Mon travail sur toile s'en est ressenti.
Qu'est-ce que symbolise pour toi ce bestiaire dans ta nouvelle série de peintures ?
Des symboles à trouver. Au public de chercher maintenant.
© C. Maréchal / © Speerstra Gallery