Entre des formes futuristes, évocation des années 60 très riches, et des rêveries à la limite de la science-fiction, Stohead fusionne des influences repoussant toujours plus loin les lois de la calligraphie classique. Le writing se retrouve alors propulsé dans une autre dimension, fascinante de modernité.
Éternellement impliqué dans l’art du writing, Stohead emmène pour sa deuxième exposition personnelle à la Speerstra Gallery sa calligraphie abstraite dans une autre dimension. Toujours plus imprégnée de technique, cette nouvelle série de toiles et d’œuvres sur papier dirige l’artiste berlinois dans l’installation pérenne de son nom, bien qu’actif depuis 1989.
Sa peinture est comme un souffle, toute en retenue, contrastée et pourtant si évanescente. Il convoque pour "Borders" une gestuelle bien précise donnant lieu à de multiples confrontations : sur des arrière-plans d’une profondeur abyssale, des formes tranchantes se mêlent à des touches délicates presque nébuleuses. Tel un scientifique, Stohead élabore ses propres outils, des outils qu’il dompte avec sérénité tout comme ses matériaux : l’acrylique mais également l’encre, liquide peu docile. Le résultat est pourtant sans appel, élégant et mystique. Les compositions magnifient la lettre, son obsession première.
Dans la continuité des précédentes séries telles que Decomposition (2013), Revolution (2014, Speerstra Gallery) ou encore La mort de l'écriture (2015), Stohead confirme une exaltante évolution plastique. Lorsque nous prêtons une réelle attention à l’ensemble de "Borders", l’artiste semble nous inviter à comprendre le cheminement de sa pensée, le processus de création de cette "calligraffiti" qu’il s’attache à explorer sans s’imposer de frontières. Entre des formes futuristes, évocation des années 60 très riches, et des rêveries à la limite de la science-fiction, Stohead fusionne des influences repoussant toujours plus loin les lois de la calligraphie classique. Le writing se retrouve alors propulsé dans une autre dimension, fascinante de modernité. Sans jamais faillir à l’exigence qu’implique le travail de la lettre, à savoir l’équilibre, on retrouve ici un Stohead délicieusement appliqué, placide et déterminé à faire perdurer son style et son savoir-faire.
© Stohead / © Speerstra Gallery