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© Jon Naar
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© Henry Chalfant
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MinOne at City Hall station, 1981, NYC © Henry ChalfantLe spray, médium de prédilectionÀ partir de 1973, le graffiti de rue finit par s’attaquer aux wagons de métro et devint très rapidement une compétition. À ce moment, le graffiti était surtout composé de tags. Les graffeurs peignaient le maximum d’intérieurs de rames qu’ils pouvaient entre deux stations. Ils découvrirent très rapidement que le maximum de trains pouvait être peint plus tranquillement dans les dépôts la nuit, tout en réduisant les risques d’être poursuivis et attrapés.Le réseau métropolitain new-yorkais étant le plus grand réseau de transport public des États-Unis, il devint, à cette époque, un formidable réseau de communication et de diffusion des travaux graffiti pour la communauté des writers. Constitué de plus de 400 stations et parcouru par quelque 65 000 wagons, il apparut comme un immense territoire à conquérir. Les lignes favorites des jeunes à cette époque sont les numéros 2 et 5 qui traversaient tout New York, du Bronx à Brooklyn, en un circuit qui prenait près de quatre heures. Organisés en groupe, tel que le WAR (Writers Already Respected), les writers avaient leurs propres règles : ils se conseillaient et s’aidaient mutuellement ce qui permettait l’exécution de graffitis dans l’enceinte du métro avec un minimum de protection, par une surveillance collective. Les writers les plus initiés connaissaient le réseau du métro par cœur : ses accès interdits, ses hangars, ses dépôts, les interconnexions entres lignes, etc. Le concept et la méthode pour peindre les trains furent établis. Chaque ligne avait son king. Le king était le graffeur qui peignait le plus sur une ligne précise et exécutait les plus gros et beaux graffitis. Respecté par les autres graffeurs, ils l’aidaient régulièrement à peindre la nuit.En 1975, les fondations du mouvement avaient été mises en place. Une nouvelle école de graffeurs se préparait à la relève dans une ville ruinée et au milieu d’une crise financière. New York était lourdement endettée et un très mauvais entretien de son système ferroviaire permit au mouvement graffiti d’être représenté le plus densément à travers la ville de toute son histoire.Les graffeurs commencèrent à travailler l'épaisseur du trait et à rajouter de la couleur dans leurs lettrages. Les embouts d'autres produits aérosol permettaient une plus grande diffusion de la peinture et cela mena à la création du masterpiece. Il est difficile de dire qui fit le premier masterpiece , mais il est communément crédité à Super Kool 223 du Bronx et à Wap de Brooklyn. Les épais lettrages contribuèrent énormément à la visibilité de l’artiste. Les graffeurs décoraient l'intérieur des lettres ! Avec ce que l’on appelait "les designs". D'abord avec des ronds simples, plus tard avec des hachures, étoiles et damiers. Les "designs" ont été limités seulement par l'imagination de l’artiste. Beaucoup de différents styles pouvaient être aperçus sur les métros : personnages de bande dessinée et diverses illustrations étaient utilisés pour compléter les lettrages. Chaque style a son nom : le top-to-bottom, block letters, panel piece, whole car, leaning letters, throw-ups, etc. Pour exemple, le bubble style fut inventé par Phase II. Un style de lettrage plus complexe appelé le "wild style", était illisible par le grand public.Les artistes graffeurs prirent des risques à aller peindre la nuit dans les dépôts, entre le troisième rail électrifié et les poursuites par la police spéciale anti-graffiti. Cela n'arrêtait pas les graffeurs de s'exprimer et de mettre leur vie en jeu.
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La peinture blanche "anti-graffiti" n'était pas aussi résistante aux graffitis que le MTA l'espérait.Le graffeur prolifique "Seen" a tagué le train en octobre 1982. Photo © Steve Zabel
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© Tats Cru, 2016
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Daze, Bill Blast, Dondi White & A One, 2015, Fondation Speerstra
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"Chuuuttt" de Jef Aérosol & "Knowledge + Action = Power" de Shepard Fairey, 2019, Paris