L'exposition "Passions Tristes" marque une maturité significative dans son travail sur toile, affirmant sa recherche d’équilibre entre l'influence constante du graffiti vandale, qui l'a construit artistiquement, et les multiples moyens d'expressions qu'il a développés depuis.
La Speerstra Gallery Paris accueille pour la première fois l’artiste Fuzi. Cette exposition personnelle interpelle par son titre "Passions Tristes". L’artiste choisit d’apprivoiser ses énergies destructrices. Ces forces puissantes, souvent inconscientes, sont désormais canalisées et se transforment en une célébration novatrice, une sublimation.
Stanislas "FUZI" Baritaux, artiste français né en 1975, décline son univers de manière pluridisciplinaire : peintre, illustrateur, photographe, tatoueur, auteur, mais avant tout graffeur reconnu par ses pairs. Il débute à la fin des années 80 en banlieue parisienne et s'impose dans le milieu des années 90 à travers son propre style de graffiti "ignorant style". En 2007, il transpose sa vision de l'art dans le monde du tatouage, une performance qui l'amène à une renommée internationale. Il partage aujourd'hui sa vie entre Paris, sa ville de toujours, et Los Angeles, son lieu de résidence principale.
C'est l’influence de ses nombreux voyages à Mexico City qui ont été la genèse des œuvres présentées pour cette exposition ; un large éventail des facettes de la culture mexicaine a ainsi infiltré sa créativité. Il a été fasciné par l’urbanisation sans contrôle qui s’est imposée à la nature. C’est cette puissante dualité qui fait écho à ses propres sentiments intérieurs. Depuis plus de dix ans, Fuzi a quitté la France faisant face à une remise en question des vérités qu’il s'était construites. Ces explorations l’ont mené à une véritable prise de conscience. Ses perceptions du monde et ses batailles qu’il entretenait contre "les autres" n’étaient que chimères.
Il est désormais convaincu des possibilités artistiques et de l'influence infinie de la nature sur ses créations mais aussi de la partie sombre et brutale de notre manière d'user notre environnement pour le faire plier à nos besoins, à nos névroses et à nos exigences.
Fuzi traduit sa nouvelle démarche dans ses œuvres en utilisant de la peinture industrielle par des aplats sur la matière brute. Il utilise des effets de dégradés qui font référence aux multiples couches de peintures comparables au buff des murs peints de graffitis. Fuzi aime s’adapter aux contraintes pour réussir à s’approprier n’importe quelle situation, en s'interrogeant, en se surpassant. Son choix de couleur, jadis dicté par sa pratique du graffiti, et influencé par de nombreuses références à la bande dessinée, aux logos des peintres en lettres, aux jeux vidéos, aux pochettes de VHS, s’est atténué sensiblement dans cette exposition, en utilisant des tons plus sobres jouant notamment sur l'idée de passages incessants et de l'usure du temps.
Ne parlez pas de "doodling" à l’artiste. Pour lui, ce "Fuzi World" est peuplé de personnages qui chacun raconte une histoire, un vécu, des références précises. La composition invite le spectateur à se perdre dans cette foule, de s’accrocher au hasard d’un détail et de se projeter dans la narration de l'œuvre. Dans cette nouvelle série, Fuzi a pris soin d'apporter plus d’éléments figuratifs pour enrichir la profondeur des ses formats.
L'exposition "Passions Tristes" marque une maturité significative dans son travail sur toile, affirmant sa recherche d’équilibre entre l'influence constante du graffiti vandale, qui l'a construit artistiquement, et les multiples moyens d'expressions qu'il a développés depuis.
Cette évolution incarne également une ouverture d'esprit qui va bien au-delà d’une pratique artistique, impactant profondément sa propre redéfinition en tant qu’humain, et opérant une véritable catharsis qui lui procure désormais une liberté totale et une énergie créatrice sans limites.
© Speerstra Gallery