Il a l’envie de développer un travail explorant différents niveaux de lecture, un travail où chaque individu peut y trouver sa propre sensibilité. Il découvre une matière, le plexiglas, qui lui apporte bon nombre de réponses à ses questions et contraintes techniques.
Tout a débuté en 2016 lorsque l’artiste Saype organisait son déménagement imminent vers la Suisse. Curieux de son nouveau pays (il a grandi à Belfort et Strasbourg), il vient à la rencontre de la galerie historique du graffiti en Europe, la Speerstra Gallery qui a son entité principale à Bursins (Vaud). Le galeriste Willem Speerstra suit le travail de l’artiste depuis 2013 et est heureux de cette rencontre. Très vite les deux hommes partagent la même envie de présenter la première exposition personnelle de Saype en Suisse : une nouvelle série d’œuvres réalisées avec le médium fétiche de l’artiste, le plexiglas. Sa technique singulière reste néanmoins classique. Le fond est une toile tendue sur châssis, sur laquelle une plaque de plexiglas est posée puis assemblée. Cette superposition est unique par le travail et les inspirations de l’artiste. Saype nous fait voyager dans les paysages suisses par la vision embuée d’une fenêtre d’un train ou d’une station de bus. En toile de fond, des levers de soleil sur le Léman, les montagnes de la Gruyère, la forêt de Delémont. En surface, les vitres embuées d’un train laissent entrevoir le paysage à travers les dessins. Des graffiti bien sûr, mais également des dessins d’enfants, la course des gouttes, des zigzags pour effacer la buée et pouvoir profiter pleinement de ces beaux paysages. Son trajet nous fait également voyager jusqu’au Portugal en passant par Paris et la Provence. La superposition des plans fusionne dans une perspective entre impressionnisme et hyperréalisme. Les œuvres nous invitent à prendre un temps, une pause, pour nous laisser aller à une réflexion, un regard dans le vide. Il souhaite figer ce moment de vie et en sublimer l’instant précieux. Le titre de l’exposition "Persistent Impermanence" nous explique l’ambition de l’artiste. Il nous propose un état d’esprit permettant d’étendre un fragment d’instant en une conscience prolongée. Il souhaite nous faire sortir de notre emprisonnement de l’espace-temps, du rythme naturel de notre vie. Saype souhaite freiner cette course, ralentir ce mécanisme permanent dont nous sommes les acteurs.
"Sa démarche a débuté par la pratique du graffiti et j’admire beaucoup l’évolution de son travail résolument avant-gardiste. Tout en transposant un héritage de graffeur, il exprime à travers sa série des aurores, un sentiment de calme, de bien-être, de temps qui passe". Willem Speerstra.
Né en 1989, Saype vit et travaille actuellement à Bulle (dans le canton de Fribourg). Artiste autodidacte, il débute la peinture à l’âge de quatorze ans par le biais du graffiti. Il s’initie à la pratique en graffant son nom dans les rues puis en réalisant des fresques murales. Ces pratiques lui donnent le goût de la liberté et du grand. En effet, les surfaces d’expression qu’offre la ville lui donnent l’envie dévorante de se confronter aux limites de ces espaces. Passionné par la philosophie, il interroge donc la place de sa liberté, celle-ci a-t-elle une frontière ? Est-ce que liberté sera contrainte par les surfaces ? Sa démarche artistique consiste en une recherche autour des questions philosophiques et existentielles de l’être humain. Taraudé par ces questions, il part à la recherche de ses propres réponses en voyageant, expérimentant son art sur toutes les surfaces contre-nature, non conventionnelles. Il a l’envie de développer un travail explorant différents niveaux de lecture, un travail où chaque individu peut y trouver sa propre sensibilité. Il découvre une matière, le plexiglas, qui lui apporte bon nombre de réponses à ses questions et contraintes techniques. Solide, transparent, doux, glissant, pouvant être travaillé de manière coupante, opaque, rugueux, ce nouveau médium lui permet de débuter un travail d’atelier, réservé aux expositions en galerie, et la possibilité d’entrer dans les collections particulières. Cette découverte n’entrave pourtant pas sa recherche assoiffée de grands espaces. En 2012, il débute la mise au point d’une technique pouvant lui permettre de s’exprimer à l’échelle du gigantesque. Inspiré par la liberté du mouvement Land Art, il choisit de peindre sur les coteaux de montagne, champs verdoyants d’herbe. Sa peinture est naturelle, respectant la nature. Sa démarche reste la réflexion autour de l’être humain et c’est une réussite. Ses interventions ont un retentissement sans frontière. Les médias du monde entier partagent ses exploits et l’artiste est sollicité de toute part pour réaliser des interventions dont le sujet est cohérent avec sa démarche. Saype entretient le même lien entre toutes ses réflexions et ses réalisations. Tous ses projets s’inscrivent dans une globalité du questionnement universel.
© Speerstra Gallery